I
SHIN DEN SHIN
(de
mon âme à ton âme)
ZEN
ET
ARTS
MARTIAUX
DE
MAITRE TAISEN DESHIMARU
ZINAL
1975
NUMERO
SPECIAL – AOUT/SEPTEMBRE
ZEN ET
ARTS MARTIAUX
ZINAL
1975
“Le hall d’exercice où s’apprend l’art de l’épée porte de
longue date ce nom : lieu de l’Eveil ( Dojo ).
L’art du Tir à l’arc ne consiste nullement à poursuivre un résultat
extérieur avec un arc et des flèches mais uniquement à réaliser quelque
chose en soi-même.
N’étais-je donc pas parvenu au point où commençait à se faire sentir
l’influence du Zen sur l’art du Tir à l’arc ?
La découverte au plus profond de l’être de l’essence sans fond et sans
forme découle d’une méditation dirigée avec méthode dans les voies propres
au Zen.”
Professeur
E. HERRIGEL
Le Zen dans l’art chevaleresque
“Comment diriger notre esprit ? Cela relève du Zen plus que des Arts
martiaux. C’est l’essence du Zen.
Le Zen et les Arts martiaux ont le même goût et sont une
unité.
Le secret du non-mouvement est le secret du Budo. Toutes les actions sont
créées librement du non-mouvement.
Ne pas gagner, mais ne pas être vaincu. C’est le point-clé, pas seulement
dans les Arts martiaux, mais aussi dans notre vie quotidienne.
Roshi Taisen DESHIMARU
“Le Zen peut faire puiser à la source de la force et de la tranquillité
du corps et de l’esprit mieux qu’aucune des religions et aucun des Arts
martiaux.
En Kendo, quand je plonge vraiment dans la conscience Hishiryo, je peux
gagner inconsciemment.”
Maître Masanori YUNO
Hanshi, 8ème Dan de
Kendo
Maître TAISEN DESHIMARU a dicté le texte suivant à l’occasion de la
Semaine d’initiation au Zen de Zinal dont le thème principal cette année est :
Pratique du Zen et Pratique des Arts Martiaux.
Puisse cette rencontre réveiller l’esprit des samouraï non-compétition mais paix et maîtrise de soi.
SIERRE-ZINAL
(VALAIS - SUISSE)
- du 7 au 14
Septembre 1975
ZEN ET
ARTS MARTIAUX
ZINAL
1975
Dès l’aube de
son histoire, l’être humain a manifesté le désir de se surpasser en force
et en sagesse, aspirant en vérité à atteindre la plus grande force et la plus
haute sagesse.
Mais, par quel moyen peut-on devenir le plus fort ?
En Asie, on s’y est appliqué par les Arts Martiaux et par la voie du
Zen, au Japon en particulier, cet enseignement traditionnel s’est maintenu,
encore que le Budo japonais tende à devenir dualiste apprendre à être fort
plutôt qu’à devenir sage.
Le Zen nous enseigne les deux ensemble.
Le Zen que je transmets signifie la pratique de zazen.
Mon grand-père était un maître de Judo (Yawara) vigoureux et profond,
qui dirigeait l’entraînement des Samouraï avant la révolution
Meiji, il y a une centaine
d’années environ. C’est lui qui m’a instruit et guidé dans le Judo. Dans
ma jeunesse, je me suis aussi initié au Kendo et j’ai employé de nombreuses
années à m’y perfectionner. Pourtant, lorsque j
‘ai rencontré Maître Kodo Sawaki,
le maître qui s’est chargé de mon éducation de moine Zen et qui plus tard
m’a ordonné moine pour le restant de ma vie, j’ai cessé de pratiquer ces
Budo pour me consacrer uniquement au zazen avec toute mon énergie, sans la
moindre interruption jusqu’à ce jour.
Comme vous le savez, les possibilités de notre corps et de notre esprit
sont limitées, car c’est là le lot de notre condition. Notre sagesse aussi
est limitée parce que nous ne sommes que des hommes.
L’homme ne peut pas prétendre à la force physique du lion ;
il ne peut pas davantage prétendre égaler la sagesse de Dieu.
Pourquoi pas d’ailleurs ? N’existe-t-il donc pas une Voie qui permette
à l’homme de franchir les limites de son humanité ? De passer au-delà ?
C’est pour apporter une réponse à cette espérance fondamentale que le
Budo a produit le “wasa”. On peut définir le wasa comme un art, comme une
sorte de super-technique transmise de
maître à disciple, permettant de s’imposer aux autres hommes et de s’élever
au-dessus d’eux. Le wasa du Budo japonais remonte à l’époque historique
des Samouraï. C’est un pouvoir, au-delà de la force propre d’un
individu.
Le Zen, lui, a créé une super-technique, qui non seulement donne la force
physique et mentale, mais encore ouvre la voie de la Sagesse, la voie d’une
sagesse semblable à celle de Dieu ou de Bouddha. C’est cela zazen un entraînement
à s’asseoir dans la posture traditionnelle, un entraînement à marcher, à
se tenir debout, à respirer correctement ; une attitude
mentale ou état de conscience “Hishiryo”, une éducation profonde et
originale.
Le Budo est la voie du guerrier. Il regroupe l’ensemble des Arts
Martiaux japonais. Le Budo a approfondi d’une manière très
directe les relations existant entre l’éthique, la religion et la
philosophie. Il n’y a pas eu de relation avec le sport. Les textes anciens qui
lui sont consacrés concernent la culture mentale et la réflexion sur la nature
de l’ego.
En japonais, Do signifie la Voie. Comment
pratiquer cette Voie ? Par quelle méthode peut-on l’obtenir ? Ce n’est pas
seulement une technique, un Wasa, et encore moins une compétition sportive.
Le Budo inclut des Arts comme le Kendo, le Judo, l’Aikido
et le Kyudo (tir à l’arc). Le Kanji Bu signifie stopper, arrêter
la lutte. Car, dans le Budo, il ne s’agit pas seulement de concourir
Do est donc la Voie, la méthode, l’enseignement pour comprendre
parfaitement la nature de son propre esprit, de son ego. Le Bouddhisme n’est
pas un système comme les autres “ismes”. C’est la Voie du Bouddha, le
“Butsu Do”, pour comprendre réellement sa propre nature originelle, s’éveiller
du sommeil de l’ego endormi, et atteindre à la plus haute et la plus totale
des personnalités. En Asie, cette voie est devenue la morale la plus élevée
et l’essence de toutes les religions et de toutes les philosophies. Par
exemple, le Ying et le Yang du Yi-King ou “L’existence est Rien” de Lao
Tseu.
Qu’est-ce à dire ? Oublier son corps et son esprit personnel c’est
l’esprit absolu, le non-ego. Harmoniser, fusionner le Ciel et la Terre.
L’esprit intérieur laisse passer les pensées et les émotions. Il est tout
à fait libre de son environnement. L’ego est abandonné. Telle est la source
des philosophies et des religions d’Asie. L’esprit et le corps, l’extérieur
et l’intérieur, la substance et les phénomènes ces paires ne sont ni
dualistes ni opposées, mais forment une unité sans séparation. C’est la
différence qui existe par rapport au dualisme de la philosophie et de la théologie
européennes. Un changement quel qu’il soit influence toutes les actions,
toutes les relations entre toutes les existences. La satisfaction ou
l’insatisfaction d’une personne influence toutes les autres personnes. Nos
actions personnelles et celles des autres sont en relation d’interdépendance.
“Votre bonheur doit être mon bonheur, et si vous pleurez, je pleure avec
vous. Lorsque vous êtes tristes, il me faut devenir triste, et quand vous êtes
heureux je dois l’être aussi.”
Au cours de l’histoire orientale, depuis 5.000 ans, la plupart des sages
et des philosophes se sont concentrés sur cet esprit, sur cette voie.
Le ‘Shin Jin Mei”, livre très ancien d’origine chinoise, dit
“Shi Do Bu Nan”... la plus haute voie n’est pas difficile, mais il
ne faut pas choisir. Il ne faut avoir ni goût ni dégoût. Le “San Do Kai”
dit aussi ‘il y a séparation comme entre une montagne et une rivière si
vous avez des illusions”.
Le Zen signifie l’effort de l’homme pratiquant la méditation, le
zazen. Effort pour atteindre le domaine des pensées sans discrimination, la
conscience au-delà de toutes les catégories, englobant toutes les expressions
du langage. Cette dimension, on ne peut l’atteindre sans la pratique du zazen.
La fusion du Bouddhisme et du Shintoïsme a permis la création du Bushido,
la Voie du Samouraï.
On peut résumer cette Voie
en sept points essentiels.
1. Gi
la Décision juste dans l’équanimité, l’attitude juste, la vérité.
Quand nous devons mourir, nous devons mourir.
2. Yu
la Bravoure teintée d’héroïsme
3.
Jin l’Amour universel, la
bienveillance envers l’humanité
4.
Rei
le Comportement juste, qui est un point fondamental.
5. Makoto
la Sincérité totale
6.
Meiyo l’Honneur et la
gloire
7.
Chugi la Dévotion, la loyauté.
Ce sont les sept principes de l’esprit du Bushido. La Voie du Samouraï
est impérative et absolue. La pratique venant du corps à travers
l’inconscient y est fondamentale. D’où la très grande importance accordée
à l’éducation. Le Bushido est devenu une pratique sans pour cela être une
philosophie.
Bu : Arts Martiaux. Shi :
le guerrier.
Les influences entre le Bushido, le Shinto et le
Bouddhisme ont été réciproques. Par la suite, le Shinto est devenu
patriotique et mythique. Mais le Bouddhisme a marqué le Bushido par cinq
aspects
a) l’apaisement
des sentiments
b)
l’obéissance tranquille face à l’inévitable
c)
la maîtrise de soi en présence de n’importe quel événement
d)
l’intimité plus grande avec l’idée de la mort. qu’avec celle de
la vie
e) la pure
pauvreté.
Avant la deuxième guerre mondiale, Maître Kodo Sawaki donnait des conférences
aux plus grands maîtres des Arts Martiaux, aux plus hautes autorités du Budo.
En français, nous disons les Arts Martiaux, les arts de la guerre ; mais en
japonais, c’est la Voie.
En occident, ces Arts
Martiaux sont devenus un sport, une technique, sans l’esprit de la Voie.
Dans ses conférences, Kodo Sawaki disait que le Zen et les Arts Martiaux
ont le même goût et sont une unité. Dans le Zen comme dans les Arts Martiaux,
l’entraînement compte beaucoup. Combien de temps faut-il s’entraîner ?
Beaucoup de gens m’ont demandé “Pendant combien d’années faut-il que je
fasse zazen ? Et je réponds “Jusqu’à votre mort “. Alors mes
interlocuteurs ne sont pas très satisfaits. Les Européens veulent apprendre
rapidement, certains même en un seul jour. “Je suis venu une fois et j’ai
compris”, disent-ils ! Mais le Dojo est différent de l’Université. Dans le
Budo aussi, il faut continuer jusqu’à la mort.
On peut toutefois distinguer trois périodes
Première période ou Shojin
L’époque de la pratique avec la volonté et la conscience est nécessaire
au début. Dans le Budo comme dans le Zen, cette période dure environ trois ou
cinq ans, et autrefois plus de dix ans. Pendant plus de dix années, il fallait
continuer la pratique du zazen avec sa volonté. Mais, maintenant, il arrive
qu’après trois ou cinq ans, le maître accorde le shiho. Pratiquer une heure
de temps en temps ne suffit pas. Pendant ces trois ans, il faut vivre dans un
temple et suivre des sesshins. Cependant, dans le Japon actuel, le Shiho est
transmis de père en fils, et ce n’est plus qu’une sorte de formalisme.
C’est pourquoi le vrai Zen a décliné et le vrai maître n’existe plus au
Japon. La plupart des personnes doivent aller dans des temples autorisés comme Eiheiji
ou Sojiji. Il y en a en tout une dizaine au Japon mais Eiheiji est le
plus important. Auparavant, il fallait passer trois ans à Eiheiji avant de
recevoir le Shiho. Mais maintenant, il suffit d’une année ou de trois mois,
ou même d’une Sesshin pour pouvoir devenir moine.
Qui est maître à notre époque ? Cette question est très importante.
Qui est votre maître ? La plupart des moines japonais répondraient à cette
question “mon père”. Des personnes comme moi, qui suis disciple de Kodo
Sawaki, sont de vrais Maîtres. Cela fait quarante ans que je continue de suivre
l’enseignement de mon maître. Le dojo de Kodo Sawaki n’était pas
comme celui de Eîheji ; il était sans formalisme. Kodo Sawaki disait toujours
“Mon dojo est un dojo ambulant”. Il se rendait de temple en temple, d’école
en université, à l’usine et même parfois dans des prisons.
La première période,
Shojin, est donc la période d’entraînement par la volonté et l’effort
conscients.
La deuxième période est
le temps de la concentration sans conscience, après le Shiho. Le disciple est
en paix. Il peut devenir réellement l’assistant du maître. Ultérieurement,
il pourra devenir maître et enseigner à son tour aux autres.
La troisième période,
l’esprit atteint la vraie liberté. Après la mort du maître on est un maître
complet. Mais, évidemment, il ne faut ni attendre ni souhaiter la mort du maître
en pensant alors être libre
Ces trois périodes sont identiques dans le Zen et le Budo.
Dans l’histoire du Zen Rinzaî dont j’ai fait l’expérience, le cas
de Maître Bodhidharma, celui de Me Eno (Houei Neng, en chinois) , de Me
Basso, de Me Rinzai (Lin-Tsi, en chinois) ….sont tous différents. Parce que :
Bodhidharma s’est concentré uniquement sur l’esprit. Pendant neuf ans il
s’est demandé “Qu’est-ce que notre esprit ?“ Et cela est devenu le Zen.
Ensuite Eno a un peu changé. Il contempla l’esprit, découvrit ce qu’il est
et l’enseigna. Eno eut de nombreux disciples parmi eux Seigen et Nangaku qui
devinrent les chefs de file du Soto et du Rinzaï. Puis il y eut Nanyo Echu et
Kataku Jinne comme disciples d’Eno. Echu devint le maître de l’Empereur.
Jinne se rendit dans la capitale du Nord de la Chine et il devint célèbre.
Mais sa compréhension du Zen fut très intellectuelle.
La lignée d’Echu et celle de Jinne se sont éteintes. Comme vous le
savez, Genkaku Yoka, l’auteur du “Shodoka” était aussi un disciple
d’Eno. Sa descendance s’est également éteinte mais il nous reste son
livre, “le Shodoka”. Ensuite Me Basso se servit de l’esprit. Comment ? En
se concentrant sur son efficacité. Puis vint Rinzaî, dont le maître était
Obaku (Houang-Po en chinois)
Au début, Rinzaï n’était pas un moine Zen. Il avait beaucoup étudié
Lao Tseu et le Bouddhisme. Il devint disciple d’Obaku et continua seulement la
pratique du zazen. Tous les disciples devaient aller dans la chambre du maître
après le zazen, et avoir avec lui un mondo. Rinzaï n’y allait pas car il était
timide et avait peur. Il faisait zazen dans un coin. Alors, un jour, un disciple
ancien lui dit “Il faut aller au mondo dans la chambre du maître, sinon tu ne
pourras jamais recevoir le shiho”. Rinzai objecta “Je n’ai aucune question
à poser Le moine ancien lui dit “Demande-lui ce qu’est l’essence du
Bouddhisme”. Alors un jour, il alla se prosterner en sampaï devant Maître
Obaku. Il tremblait de peur et de timidité. Il posa sa question “Qu’est-ce
que l’essence du Bouddhisme ?“. Aussitôt le Maître lui administra une série
de trente coups de bâton sur l’épaule et la tête. Rinzaï fut abasourdi et
terrorisé. C’était comme l’épée, le Kendo. Mais il ne s’enfuit pas.
Depuis cette époque, les trente coups de bâton sont devenus quelque chose
d’important. Finalement, Rinzai sortit très mécontent! Le moine ancien lui
demanda “Que s’est-il passé ? ton visage est bien sombre !“
Rinzaï
raconta ce qui était arrivé. Le moine aîné lui dit : “Non, non, tu
dois retourner au mondo !“. Rinzaî revint donc dans la chambre du Maître et
reposa la même question. Obaku le frappa encore plus fort, cinquante fois !
Rinzaî, complètement épuisé, ne comprenait pas. Il pensa “Ce maître
est complètement fou. Je dois changer”. Il interrogea le moine ancien qui lui
dit “Fais quoi que ce soit que tu décides, tu peux aller voir un autre maître,
mais il n’est pas bon de changer de maître”. Cependant en définitive il
alla voir un autre maître, Daigu. Daigu lui dit “Comment Obaku t’a-t-il éduqué
?“ Rinzai répondit “Il est complètement fou, il n’est pas un vrai maître.
il n’est ni fort ni authentique.” Le maître dit “Non, non. Il ne faut
ni critiquer ni avoir peur. Il est un vrai maître. S’il te frappe, frappe-le
à ton tour. Tu dois le suivre exactement~’
Alors Rinzai revint. Maître Obaku lui demanda “Bien, qu’est-ce que
l’essence du Bouddhisme ? Comment était l’autre Dojo ? As-tu compris
l’essence do Bouddhisme ?“ Alors Rinzai se leva
“ Oui, j ‘ai compris ! C’est comme cela ! ” .
Et il asséna trois coups de poing sur le visage de son maître en poussant
un Katsu d’une voix forte,
inconsciemment. Obaku sourit et dit “Tu as compris ! “. Et il lui donna le
Shiho.
Vous
auriez pu me frapper !
Une fois, j’ai donné un vigoureux “Rensaku” à mon disciple Mr M.
Mais il s’est enfui, il n ‘avait pas de force. Et surtout il avait toujours
quelque idée consciente de se battre ou de gagner.
Ensuite, Rinzaï sympathisa avec l’esprit. de Bodhidharma, Eno et Jinne,
reconnaissant l’esprit d’Eno et son utilisation respectivement par
l’intelligence de Basso et de Jinne. Il était un être humain véritable,
celui qui comprend l’humanité.
Parmi les Koan Rinzaï du “MU MON KAN” (la Porte sans Porte) ,
le soixante-dixième est très célèbre. C’est un Koan de Maître Echu,
disciple d’Eno, mort en 755. Il était célèbre
non seulement en tant que maître Zen
mais comme Maître National. Un jour il appela de sa chambre un de ses disciples
qui se trouvait dans une autre chambre. Il 1 ‘appela par son nom d’une
voix forte : “Hoshin ! ” - “Oui”, répondit celui-ci.
Il l’appela une deuxième fois “Hoshin !“ -“Oui”, répondit-il encore.
De nouveau, il appela “Hoshin !“ -“Oui” répondit ce dernier. Ces trois
appels, ces trois “Hoshîn” à eux seuls constituent un immense Koan. En
l’entendant, personne n’a compris.
Qu’est-ce au juste ? Seulement trois fois
-“Hoshin”
- Oui, oui.
-
“Hoshin” -Oui, oui
-
“Hoshin” - Oui, oui.
Pourquoi ? C’est là le très grand Koan. Si quelque disciple pense
comme suit, ce n’est pas cela.
Première réaction “Oui, maître. Je suis très occupé, juste en ce
moment.”
Deuxième réaction “Oui, maître”, en pensant “c’est la 2ème
fois qu’il m’appelle mais je suis occupé”.
Troisième réaction “Oui, maître. Désirez-vous du thé ?“
Ainsi, ce n’est pas un Koan. Pas du tout. Le Koan doit décider
finalement de la vie et. de la mort. Comment faut-il vivre vraiment ?
“En fait, je n’avais pas besoin de vous. Mon appel n’était pas nécessaire.
Ce n’était pas la peine de répondre trois fois”. Mais ces trois appels
sont très importants. Maître et disciple devinrent intimes. Tous deux avaient
compris, en un grand combat. “Hoshin !“ “Oui”. “Hoshln “ “Oui
“. “Hoshin !“ “Oui” ( Satori)
Dans le Zen Rinzaï, ces trois
“Hoshin” sont calligraphiés sur la porte pour désigner la chambre du secrétaire
Hoshin san.
Maître Takuan, qui a éduqué de nombreux samourai au Japon, a écrit
dans ses notes sur “Le secret mystérieux du non-mouvement” Fu-Do
Shinmyo Roku “Qu ‘est-ce que le non-mouvement ? Qu’est-ce que le
secret du Budo ? C’est comme le maître appelant “Hoshin “. La réponse
doit venir à I ‘instant même, sans aucune attente. Certains attendent
toujours une minute avant d’agir. Le secret du Zen est ne pas attendre. Ne
pas différer.
Le Professeur Herrigel a étudié très profondément Le Zen mais il était
professeur européen de philosophie scientifique, et finalement il ne comprit
pas complètement le vrai Zen. Il analysa ce Koan en philosophe allemand de
philosophie générale par la méthode dialectique. Premier “Hoshin” Oui,
serait la thèse. Deuxième “Hoshin” Oui serait l’antithèse. Troisième
“Hoshin” Oui, oui j’ai compris dit le disciple, serait la synthèse. Cette
méthode dialectique n’est pas si profonde.
Dans le Budo l’intuition, la pensée et l’action ne font qu’un,
interviennent en un seul instant. Il ne faut pas de temps d’attente.
Pendant un combat, Si l’un des adversaires se laisse troubler par une pensée,
il sera tué et devra mourir à l’instant même. Dans la vie quotidienne, on
pense d’abord, puis on agit après.
Au commencement “Hoshin !“ “Oui” “Compris”. De nouveau
”Hoshin !“ “Ah compris”. Encore “Hoshin !“ “Que voulez-vous Maître
?“
“Pas besoin de venir, c’est terminé. Je vous ai appelé et vous avez
répondu simplement”. Ces trois appels sont très importants.
C’est pourquoi la porte d’un temple Zen, la porte unique, est appelée
Sanmon, cela signifie 3 portes à passer. San : 3, Mon :
porte.
Secret du Budo, secret du Zen.
Un jour, un samouraï, grand maître de sabre, voulut obtenir le secret du
kendo, de l’escrime. C’était à l’ère de Tokugawa. A minuit, il alla au
Sanctuaire de Kamakura, gravit les nombreuses marches qui y menaient et
rendit grâce au dieu du lieu, Hachiman. Hachiman, au Japon, est un grand
bodhisattva devenu le protecteur du Budo. Le samouraï lui rendit grâce. En
redescendant les marches, à. minuit, il sentit sous un grand arbre la présence
d’un monstre en face de lui. Par intuition il dégaina son sabre en un instant
et le tua. Le sang jaillit et s’écoula sur le sol. Il l’avait tué
inconsciemment. Le Bodhisattva Hachiman ne lui avait pas livré le secret du
Budo. Mais, sur le chemin du retour, il comprit.
L’intuition et l’action doivent jaillir an même temps.
Il ne peut y avoir de pensée dans la pratique du Budo. Il n’y a pas
une seule seconde pour penser. Quand on agit, l’intention et l’action
doivent être simultanées. Si l’on se dit “Le monstre est là, comment
le tuer ?“ Si l’on hésite, le cerveau entre en mouvement. Or le
cerveau frontal, le thalamus et l’action doivent être identiques au même
instant. De même que le reflet de la lune sur le cours d’eau ne reste pas,
alors que la lune, elle, brille et ne bouge pas. En Zazen, il en est de même.
C’est la conscience “Hishiryo”.
Quand je dis, durant le zazen, “Pas bouger, pas bouger”, cela signifie
en fait ne pas rester sur une pensée, laisser passer les pensées. Demeurer en
parfaite stabilité signifie en réalité ne pas demeurer. Ne pas bouger
signifie en réalité bouger, ne pas dormir. C’est comme une toupie qui
tourne. On peut la considérer comme immobile puisqu’elle est en pleine
action. Mais lorsqu’elle part au début et quand elle ralentit à la fin, on
peut voir son mouvement. Ainsi la tranquillité dans le mouvement
est-elle le secret du Zen, du Budo, du Kendo, de la Voie de l’épée.
Après le secret du Kendo, examinons le Judo. JU : douceur - DO :
voie. C’est donc la voie de la douceur (de la souplesse) . Maître Kano en fut
le fondateur après la révolution Meiji. Les samouraï apprenaient le Yawara,
la technique de la douceur. Mon grand-père était un grand maître de Yawara,
et, quand il était jeune, il l’enseignait aux samouraï de Kyushu. Au Japon,
les samouraï devaient apprendre les arts de la guerre, et ceux de la vie
civile. Ils devaient étudier le Bouddhisme, Lao Tseu, Confucius, et en même
temps apprendre le yawara, l’équitation, le tir à l’arc. Dès mon
enfance, j’ai appris le Yawara avec mon grand-père paternel. Mon grand-père
maternel, lui, était docteur en médecine orientale. Dès cette époque, j’ai
été influencé par le Yawara et la médecine orientale. J’ai compris
alors que les Arts Martiaux et le Zen n’ont qu’une seule saveur, et que
la médecine orientale et le Zen sont unité. Kodo Sawaki donna des conférences
sur le Yawara. Le secret en est le “Kyu Shin Ryu”, “Diriger
l’esprit”.
Comment diriger notre esprit ? Cela relève du Zen, et non plus de la
technique des Arts Martiaux. Les Arts Martiaux plus le Zen, c’est le Budo
japonais. Comment éduquer notre esprit et apprendre à le diriger ? Kodo
Sawaki parla de “Kyu Shin Ryu”, le secret du Yawara, transmis
traditionnellement par cette école dans un document dont un chapitre traite de
l’esprit tranquille. Voici ce chapitre:
“La vraie technique du corps, le wasa de cette école de Yawara, doit être
la substance de l’esprit. La substance est l’esprit. Il ne faut pas regarder
le corps de l’adversaire, mais il faut diriger notre propre esprit.
Il n’y a pas d’ennemi.
L’esprit est sans forme, mais parfois il peut en avoir une : cela
est identique en zazen !
Parfois on peut saisir notre esprit, mais parfois, c’est impossible.
Quand l’activité de l’esprit remplit le cosmos, qui est l’espace compris
entre le ciel et la terre, et quand nous savons saisir la chance qui se présente,
alors nous pouvons disposer de tous les événements changeants, éviter tous
les accidents et attaquer les dix mille choses en une seule”.
Sans commentaire, c’est un peu difficile à comprendre. En fait, c’est
le Zen et non les Arts Martiaux, mais ceux qui ont pratiqué profondément le
Judo comprennent cela. A cette époque-là, Kodo Sawaki se servait aussi du
“Shobogenzo” et du “Genjo Koan” que j’ai publié dans
“I Shin Den Shin”. Genjo réel. C’est le koan d’ici et
maintenant. La vraie vérité. “La véritable vérité est le phénomène. Le
phénomène est la vérité. La vérité est la réalité. La réalité est la vérité”.
C’est analogue au “Shiki Soku ze ku.Ku Soku ze shiki”.
Dans le “Genjo Koan”, il est dit “Quand un homme s’éloigne
en barque du rivage, il s’imagine que le rivage est en mouvement. Mais s’il
abaisse son regard, tout près de son embarcation, il se rend compte que c’est
elle qui se déplace”. En fait, si nous regardons attentivement, intimement,
à l’intérieur de la barque, on peut comprendre que c’est la barque qui se
déplace, et dépasser l’illusion des sens. Ainsi, quand les gens considèrent
tous les phénomènes de toutes les existences à travers leurs illusions
et leurs erreurs, ils peuvent se tromper et penser que leur nature originelle
est dépendante et immobile. Mais s’ils deviennent intimes avec leur véritable
esprit, et s’ils reviennent à leur nature originelle, alors ils comprennent
que tous les phénomènes, toutes tes existences sont en eux-mêmes, et qu’il
en est de même pour tous les êtres.” Ce chapitre est court., mais très
important. C’est l’essence du Zen, du zazen.
La nature originelle de l’existence ne peut être
réellement saisie par nos sens, nos impressions. Quand nous la saisissons par
nos sens, la matière objective n’est pas réelle, elle n’est pas vraie
substance, mais elle est imagination.
Quand nous pensons comprendre que la substance de notre esprit est telle,
c’est une erreur. Chacun est différent. Les formes et les couleurs sont les mêmes,
mais chacun les voit différemment à travers ses illusions, illusions de la mémoire,
illusion physique, illusion du temps et de l’espace, illusion du domaine
physiologique. Quelquefois, le monde de l’expérience propre, de la
conscience personnelle, est abusé par te monde réel de la conscience en
condition ordinaire. Dans ce cas, ce n’est pas une erreur, mais une illusion
psychologique. Tous ces problèmes de notre vie quotidienne trouveront une
solution au bout de vingt ans, trente ans et, au moment d’entrer dans notre
cercueil ils seront résolus. Le temps est la meilleure solution aux problèmes
d’argent ou d’amour. Quand vous entrerez dans votre cercueil, personne ne
vous aimera plus ; sauf peut-être d’un amour spirituel Les problèmes
difficiles sont différents pour chacun, et chacun a besoin d’un moyen différent
pour résoudre ses problèmes. Il nous faut créer notre propre méthode. Si on
imite, on se trompe. Il faut créer par soi-même.
Vous et moi sommes différents. Si l’on ne peut trouver de solution à
sa propre vie, celle-ci aboutit à une impasse ! Ici et maintenant
comment créer notre Vie ? Un film se déroule, si on l’arrête, l’image
devient fixe, immobile. Les Arts Martiaux et le Zen ont en commun la création
et la concentration de l’énergie. En se concentrant “ici et maintenant”
et en extériorisant la véritable énergie de notre corps, on peut observer
et se recharger. Quand on ouvre la main, on peut tout obtenir. Si on ferme la
main, on ne peut rien recevoir. Dans les Arts Martiaux, il faut pénétrer les
éléments, les phénomènes et ne pas passer à côté. Les Arts Martiaux sont
donc essentiellement virils, car l’homme pénètre la femme. A notre époque,
tout le monde veut économiser son énergie et vit à moitié. On est toujours
incomplet. Les gens vivent à moitié, tièdes comme l’eau du bain. Comment Pénétrer
la vie ? C’est zazen et kin hin.
Ainsi, le secret du Yawara, c’est apprendre à diriger l’esprit, Ryu
Gi. C’est la direction des techniques corporelles du “Kyu Shin Ryu”.
L’esprit doit devenir la substance. L’esprit est la substance, sans forme, mais parfois il y a une forme.
Cependant l’activité de l’esprit emplit le cosmos. Quand l’activité de
l’esprit emplit le cosmos tout
entier, il saisit les occasions, il a une chance d’éviter les accidents et peut attaquer dix mille choses en
une seule. Cela signifie que pendant un combat, notre esprit ne doit être
influencé par aucun des mouvements de l’adversaire, par aucune des actions de
son corps et de son esprit. Notre esprit
doit se diriger librement, ne pas avoir l’espoir d’attaquer l’adversaire,
ni cesser d’y faire attention. On doit être complètement attentif
d’instant en instant.
Voici une histoire “Un jour, sur une route, un judoka
et un ouvrier se battaient. Ils étaient
très forts tous les deux. Le judoka réussit à se trouver sur
le corps de son adversaire, et lui fit un étranglement. Les yeux du travailleur
se révulsaient. Mais il trouva sous sa main les testicules de son adversaire et
il les serra très fortement. A ce moment, il y avait deux étranglements celui
du cou et celui des testicules ; l’un en haut, l’autre en bas. Ils luttèrent
mais le judoka ne put résister, et c’est l’ouvrier qui gagna”. Celui-ci
avait créé une technique de combat. Le judoka qui ne connaissait que la
technique, n’a pas pu créer.
Dans notre vie c’est la même chose.
Certaines personnes ne pensent qu’à l’argent, car il permet de tout
satisfaire. Alors pour lui, certains perdent leur honneur. D’autres ne désirent
que les honneurs, et ils perdent leur argent. Certains ne se concentrent que
sur l’amour, ils perdent leur argent et leur énergie. Notre bonheur
n’existe pas que d’un seul côté. Nous devons créer. Il n’est pas nécessaire
de croire au destin ni de suivre la destinée écrite dans les étoiles.
“Le reflet de la lune dans la rivière est toujours en mouvement.
Cependant la lune existe et ne s’en va pas. Elle reste
mais elle bouge”. C’est un poème très court sur le secret du Zen et des Arts Martiaux, et un très
grand koan.
Le courant
de l’eau ne revient jamais en arrière.
L’eau passe, passe... mais la lune ne bouge pas. Pendant un combat, l’esprit doit être
comme la lune, mais le corps et le temps passent, passent, passent comme le
courant. L’instant présent ne revient jamais. Pendant zazen, chacune de nos
inspirations et de nos expirations sont uniques et ne reviennent jamais. Il est
possible de rejeter sa respiration, mais celle de maintenant n’est pas celle
d’avant. La respiration d’après n’est jamais comme celle d’avant, hier
c’était hier, aujourd’hui c’est aujourd’hui. C’est différent. Je
dis toujours que nous devons nous concentrer “ici et maintenant”, créer
“ici et maintenant”. Ainsi on devient “frais”, neuf. Le zazen d’hier n
‘était pas le même que celui d’aujourd’hui. Le zazen doit toujours être
frais, “ici et maintenant”. Vous ne devez pas vous reposer pendant zazen.
Le faire à moitié n’est pas bon. il faut le faire à fond, s’y donner
totalement. Nous ne devons pas avoir un reste d’énergie en réserve. Se
concentrer signifie la sortie complète, la décharge totale de l’énergie.
Dans le monde moderne, les jeunes en particulier, vivent
à moitié et sont à moitié morts. Ils ont une sexualité incomplète. Et
pendant leur travail ou pendant zazen, ils pensent au sexe, et inversement ;
il en est ainsi dans tous les actes de la vie. Si on décharge son énergie
totalement on peut absorber de l’énergie fraîche qui coule comme le courant
de l’eau.
Pendant un combat, si on épargne un reste d’énergie,
on ne peut pas gagner. C’est le secret des Arts Martiaux. Nous ne devons pas dépendre
des wasa, de la technique. Il faut créer. Si un homme riche donne de l’argent
à son fils, celui-ci n’apprendra pas à en gagner. Et, inversement, le fils
d’un homme pauvre saura créer la méthode
pour s’en procurer.
Les Arts Martiaux
ne sont pas du théâtre ni un spectacle.
Ce n’est
pas là le vrai Budo.
Le secret
des Arts Martiaux,
disait toujours Kodo Sawaki, c’est qu’il n’y a ni victoire ni défaite.
On ne peut ni vaincre ni être vaincu.
Le sport et les Arts Martiaux sont différents.
Dans le sport il y a le temps. Dans les Arts Martiaux il n’y a que
l’instant.
Par exemple, dans le base-ball, le “batteur” attend la balle, il a le
temps, l’action ne se produit pas dans l’instant. Il en est de même en
tennis, rugby, football et tous les autres sports. Le temps s ‘écoule et
permet de penser à quelque chose pendant un petit moment, pendant qu’on
attend!
Dans les Arts Martiaux, il
n’y a pas de temps d’attente.
La victoire ou la non-victoire, la vie ou la non-vie se décident
en un instant.
Il faut
vivre dans l’instant c’est
là que la vie et
la mort se décident totalement.
Se concentrer sur l’expiration.
Cela amène l’énergie vers le bas du corps, de la
colonne vertébrale, produit une détente en redonnant de la force.
Dans
l’instant vivre ou mourir !
Il en est de même pendant zazen.
Vous ne devez pas faire Zazen à moitié.
Vous
devez totalement vous concentrer.
On ne peut revenir an arrière sur sa respiration. Ainsi le vrai zazen devient
complètement frais. Si vous le faites complètement, zazen est plus difficile que les Arts Martiaux.
Mais si vous le répétez tous les jours, il devient Dokan,
l’essence, la répétition.
En Zazen aussi, on répète pour vivre ou mourir
Le Budo japonais s’est développé en relation directe
avec l’éthique, la philosophie et la religion, et sans aucun rapport avec le
sport. Aussi tous
les vieux textes sur les anciens Budo qui nous ont été transmis ne parlent que
de la culture intellectuelle et mentale, et de la réflexion sur l’ego. Ils
expliquent et enseignent la technique profonde de la voie.
Comment faire pour la pratiquer ?
Do, qui signifie la voie en japonais, n’est pas
seulement une technique, un wasa. Do signifie s’arrêter de concourir, Kendo,
Judo, Aïkido, Kyudo tout cela, c’est le Budo.
Le Kanji Bu, lorsqu’on l’analyse, signifie arrêter
le sabre, arrêter le combat.
La cérémonie du thé aussi s’appelle la “Chado”.
L’Ikebana, l’arrangement des fleurs, c’est le “Kado”. La calligraphie, c’est “Shodo”. Le parfum, le bois parfumé du santal qui se consume,
c’est “Kodo”. Kodo Sawaki
aimait bien le kodo.
Il avait le même nom. Do, la Voie,
signifie la méthode, l’enseignement, pour l’ego, c’est-à-dire comprendre en profondeur son propre
esprit.
Le
Bouddhisme, c’est Butsudo en Japonais, cela signifie la voie du
Bouddha découvrir réellement sa vraie nature, sa
nature originelle. Cela signifie aussi s’harmoniser avec tous les cieux
et la terre et que l’esprit intérieur soit tout à fait libre.
C’est
abandonner son égoïsme.
Dans le “San Do Kai” (l’union de l’essence et des phénomènes,
de Sekito Zenji (700-790) , il est dit, sur la Voie “Il n’y a
ni maître du nord, ni maître du
sud”. Et dans l’”Hokyo Zan Mai”, le “Samadhi du Miroir Précieux”
signifie l’essence de la Voie. “Sho
Do Ka” (le Livre de
Yoka Daichi (649—713) ,
disciple d’Eno)
, cela
veut dire certifier la voie. Sho garantie, Do voie, Ka chant.
C’est donc le chant qui certifie la voie.
Le Zen amené d ‘Inde en Chine par Bodhidharma, a répandu
le Bouddhisme Mahayana en Chine. Il
s’est développé en fusionnant avec la pensée chinoise pour devenir la vraie
voie. Aujourd’hui, le Bouddhisme n’existe plus en Chine, mais Do est devenu
une coutume. Même Mao n’a pu couper avec Do. “Do Kyo”, c’est
l’enseignement de la voie, et il a continué jusqu’à nos jours. Et le Zen
s’est développé au Japon encore plus profondément.
“Shin-To”, c’est Shindo, la Voie de
Dieu. Mais le Zen et la voie, c’est le même mot et la même chose.
Aussi presque tous les grands maîtres Zen disent Do et non Zen. Ils
n’emploient pas le mot Zen.
Un célèbre professeur japonais, Yamada Soko (1622—1685) a parlé de la voie des Samouraï.
Il a voulu accroître leur culture et il a répandu un enseignement spécial.
“Si un Samouraï veut avoir des responsabilités en politique, s’il veut diriger
des laïcs et devenir leur chef, il doit réaliser la Voie. Aussi le Samouraï ne doit-il pas seulement être un guerrier, mais il doit en plus
du Budo, recevoir une culture
intellectuelle sur la littérature, le Bouddhisme, la philosophie chinoise et le Shinto, la Voie des dieux”.
Le
Bushido était l’essence de l’éducation japonaise qui a
pris fin après la guerre. J’ai reçu cette éducation. Les professeurs
du Bushido donnaient une éducation à la fois militaire et
civile.
C’est Bun
Bu Ryodo, la double
voie. C’est comme les
ailes des oiseaux ou les roues d’une voiture. Les deux sont
nécessaires comme le
féminin et le masculin. La littérature, la philosophie, la poésie, la culture
intellectuelle sont du côté féminin, et le Budo, l’art militaire, est
masculin.
Il doit
toujours y avoir une harmonie entre les
deux.
Ils ne peuvent exister seuls, séparément.
Ce n’est pas un dualisme, mais une unité.
Ce
n’est pas seulement une
connaissance, un savoir, c’est la voie de la
sagesse. C’est par cette voie que le sage doit diriger les civils. C’est pourquoi la plupart des
Samouraï doivent s’entraîner à la vertu. Ils doivent avoir des
qualités nobles, cultiver une personnalité
noble, étudier l’histoire des civilisations et réaliser la voie. Jusqu’à ce jour,
l’enseignement de Yamada Soko n’était donné qu’à une élite de moines.
Les autres gens n’y avaient pas accès. Tous
les Samouraï avaient étudié cela et la Voie du Samouraï était devenue populaire.
Les Samouraï sont devenus célèbres au Japon et dans le monde.
Le Zen en était devenu la
source.
Au sujet de la culture des Samouraï, de la voie intérieure,
profonde, qui pénètre l’esprit, Dogen a écrit le “Ben Do Wa”.
Ben c’est l’étude, la compréhension. Do la voie. Wa parler. Ben Do Wa,
c’est comprendre par les discours sur la voie. Ben Do, c’est le
premier tome du “Shobogenzo” ; c’est la règle de Eiheiji. C’est
la méthode, l’enseignement pour comprendre la Voie. Comment ?
Le Zen
n’utilise pas du tout les mots “Zen” ou “Bouddhisme”, seulement Do
“la Voie”. Le Ben Do Wa décrit ce qu’ est zazen,
l’essence de la Voie. Ensuite, il explique comment pratiquer la Voie. Dans le Gakudo
Joshinshu, la question est comment étudier la Voie ? C’est le livre de
l’attention, de la vigilance. L’attention de celui qui étudie la Voie.
Dans le “Genjo Koan”, il est dit “Qu’est-ce
que la voie du Bouddha ?
C’est
étudier l’ego.
Qu’est-ce
qu’étudier l’ego ?
C’est
s’oublier soi-même.
Qu’est-ce
que Bo Dai Shin ?
Qu’est-ce que cet esprit de Bo Dai, de Satori ?
Dans le “Tendai” on dit que la Voie, c’est suivre
tous les phénomènes, suivre la puissance cosmique, le système cosmique.
Dans las Arts Martiaux, la technique est différente en
Judo, en Kendo ou dans la Tir à l’Arc.
En zazen se concentrer sur la posture est un wasa comme
dans les Arts Martiaux.
Le wasa est nécessaire, mais un judoka qui n’apprend
que le judo n’est pas un vrai judoka.
Dans les
Arts Martiaux, généralement, la technique est nécessaire pendant dix ou vingt
ans. Mais, finalement, c’est l’état d’esprit qui est le plus important,
particulièrement dans la Tir à l’Arc. Entre l’esprit et le corps,
l’esprit et la posture, l’esprit et le wasa, c’
est la respiration qui établit la liaison.
Finalement la posture et la respiration deviennent unité. La respiration
devient le ki, comme le Ki d’Aïkido. Dans le Budo, il y a trois points
essentiels la technique, l’activité et le ki (respiration).
En Zazen, il est très facile de réaliser l’unité des
trois, mais dans le Budo, c’est plus dur et il faut se concentrer sur le wasa.
En zazan, par la posture, on peut équilibrer l’état
d’esprit et la respiration. Dans un combat, on a du mal à équilibrer sa
respiration car il y a beaucoup de mouvements. En zazen, au début de la pratique,
on rencontre des difficultés, mais par la suite on peut trouver facilement cet
équilibre de l’état d’esprit et de la respiration. Au début, il faut
utiliser la posture consciemment, volontairement, patiemment. On fait des
efforts, on tend la
nuque, on se concentre volontairement sur l’expiration. Après quelques années
de pratique, on peut se concentrer
inconsciemment. En zazen, la posture a une influence très rapide, dès le début
; ce n’est pas
comme dans le Budo où ce n’est
qu’après quatre ou cinq ans, au-delà du 3ème Dan, que l’on peut se
concentrer seulement
sur le wasa.
Dès le début,
en zazen, la posture a une
influence sur la conscience.
En Chine, un disciple de Lao Tseu, Mishotsu, a écrit une histoire intéressante
au sujet des coqs de combat.
“Un roi désirait avoir un coq de combat très fort et il avait demandé
à l’un de ses
sujets d’en éduquer un. Au début, celui-ci enseigna au coq la technique du
combat. Au bout de dix jours, le roi demanda “Peut-on organiser un combat avec
ce coq ? Mais l’éducateur dit “Non non ! non il est fort, mais cette
force est vide, il veut toujours
combattre ; il est
excité et sa force est éphémère”.
Dix jours plus tard, le roi demanda à l’éducateur “ Alors,
maintenant, peut-on organiser ce combat ? ” “ Non ! non pas
encore. Il est encore passionné, il veut toujours combattre. Quand il entend la
voix d’un autre coq, même d’un village voisin, il se met en colère et veut se battre ”.
Après dix nouvelles journées d’entraînement, le roi
demanda de nouveau “A présent,
est-ce possible ? L’éducateur répondit “Maintenant, il ne se passionne plus, s’il entend ou voit un autre coq, il reste calme. Sa
posture est juste, mais sa tension est forte. Il ne se met plus en colère. L’énergie
et la force ne se manifestent pas en surface”.
Le roi demanda enfin “Alors, c’est d’accord pour un combat ? L’éducateur
répondit “Peut-être”. On amena de nombreux coqs de combat, et on organisa
un tournoi. Mais les coqs de combat ne pouvaient s’approcher de ce coq. Ils
s’enfuyaient, effrayés ! Aussi n’eut-il pas besoin de combattre. Le coq
de combat était devenu un coq de bois. Il avait dépassé l’entraînement du
wasa. Il avait intérieurement une forte énergie qui ne se manifestait pas à la surface.
Si vous continuez Zazen, inconsciemment, naturellement, automatiquement,
vous pourrez arriver au secret du Budo.
Il n’est pas nécessaire d’utiliser une technique, de pratiquer le
Judo, l’Aïkido, le Karaté ou le sabre. Les autres ne s’approcheront pas.
Et il ne sera pas
nécessaire de combattre.
La voie du Budo n’est pas compétition ou conflit ;
elle est au-delà de la vie et de la mort, au- delà
de la victoire et de la défaite.
C’est la voie de la décision ou de la vie et
de la mort.
Le secret du sabre est de ne pas dégainer le sabre.
Il ne
faut pas sortir le sabre car
si vous désirez tuer quelqu’un, vous devez mourir.
Il faut se tuer soi-même, tuer son propre esprit.
A ce moment-là, les autres ont peur et ils s’enfuient.
On est le plus
fort et les autres ne s’approchent pas.
Il n’est donc pas nécessaire de vaincre.
Dans la Bible il y a quelque
chose d’analogue. Mathieu a écrit “Si quelqu’un attaque votre joue
droite, il faut tendre la joue gauche”.
En zazen, se concentrer sur l’expiration devient la
liaison qui équilibre la conscience et la posture.
Cette activité crée l’impulsion équilibrante entre
les muscles, les nerfs,
l’hypothalamus et le thalamus.
Si vous continuez le zazen,
vous pourrez obtenir
cela inconsciemment, naturellement et automatiquement.
“Le reflet de la lune sur l’eau de la rivière ne bouge pas, ne s’écoule
pas. C’est
seulement l’eau qui passe”.
En zazen, vous ne devez pas rester sur une pensée,
votre pensée ne doit demeurer nulle part.
Laissez passer les pensées.
Ainsi vous pouvez trouver la substance de l’ego.
Au début, si vous pensez par votre conscience
personnelle, vous devez laisser passer.
Plus tard,
le subconscient apparaît, il faut laisser passer.
Et cela
aussi prend fin.
Ainsi
quelquefois on pense, quelquefois on ne pense pas. Après, l’esprit est pur comme la lune, comme
le reflet de la lune qui reste sur l’eau de la rivière. Mais vous ne devez
pas couper vos pensées.
Il n’est pas nécessaire pendant le zazen
de vous dire :“Je dois
réaliser le reflet de la lune”.
Si l’on veut expliquer les relations entre l’esprit, la conscience et le véritable ego,
c’est exactement comme les relations entre la lune, son reflet et l’eau de la rivière.
Faire seulement zazen, “Shikantaza”. C’est “Hishiryo”, Satori.
On ne peut comprendre cela consciemment.
Si vous saisissez, c’est que ce n’est pas vrai
“ L’ombre de la lune sur l’eau n’a
jamais pu être saisie par une main. ”
Maître Takuan est très célèbre dans
le Zen et les Arts Martiaux, surtout le Kendo,
le sabre japonais.
Il a éduqué de nombreux Samouraï. Il eut un disciple
très célèbre, le samouraï Miyamoto Musachi.
Il a employé
l’expression suivante “Fu
Do Chi Shinmyo Roku”. Fu au début
d’une phrase, c’est la négation comme dans “Fushiryo’.’ Do ce n’est pas le Do de la
Voie. Cela veut dire bouger. Chi
signifie la sagesse. Shinmyo mystérieux. Roku note. Ce titre
signifie Note mystérieuse sur la sagesse immobile.
La posture de Budo, sans
mouvement, c’est la posture de “Muso”, la non-posture.
Budo, ce n’est pas seulement ne pas bouger avec le corps mais aussi ne
pas bouger avec l’esprit.
C’est l’esprit immobile.
Qu’est-ce qu’un esprit immobile ? J’ai dit tout à l’heure que
l’esprit ne doit
rester, demeurer sur quelque chose. C’est vrai et nous devons laisser passer...
Alors, c’est exactement comme :“Le reflet de la lune sur l’eau.
La lune ne
bouge pas. Le reflet de la lune ne bouge pas”. Si vous restez sur quelque
chose, cela devient illusion. C’est comme une toupie. Au début quand elle tourne lentement,
elle bouge ; puis en pleine vitesse, elle acquiert de la stabilité, et elle ne bouge
plus. Enfin, comme un homme qui devient vieux, elle se remet à osciller.
Puis, finalement, elle tombe.
La rivière s ‘écoule et change en cours de route.
Mais la
substance de notre esprit, de notre
ego est tout à fait
comme le reflet de la lune sur l’eau.
Aussi, Si on
ne reste pas sur une pensée, si on laisse passer, la substance de notre
esprit est Fudo, sans mouvement.
Cette substance de notre ego, de notre esprit est Dieu ou
Bouddha, l’esprit Zen, le Satori “Hishiryo”.
Aussi dans les
Arts Martiaux, même si un Samouraï est attaqué par une dizaine
d’adversaires, il peut les
vaincre tous. C’est ce qu’on voit dans les films japonais.
Pour les européens, cela n’est pas possible. En fait c’est possible, ce
n’est pas du théâtre. Car, dix
personnes ne peuvent pas toutes attaquer la même personne en
même temps, elles viennent l’une après l’autre. Quand un maître de judo
est attaqué successivement par dix
jeunes élèves, son esprit change vite et se concentre vite sur le nouvel
adversaire.
L’esprit du maître est toujours en changement. Il ne
reste pas sur une seule chose ou une
seule personne. Il laisse passer..
. Le corps non plus ne reste pas.
La substance de l’ego est
“FuDoChi”, sagesse immobile.
Entre l’intuition, la sagesse et l’action du corps
il y a toujours unité.
C’est le secret
du Zazen et des Arts Martiaux.
De même que les Arts Martiaux ne sont pas un sport, le Zazen n’est pas une sorte de massage ou de culture spirituelle.
Les Arts Martiaux, au début, étaient une méthode pour tuer les
gens. Le sabre japonais, le
“Tachi”, c’est un long sabre ;
mais “Tachi” veut aussi dire “couper”.
Dans le Kendo, “Ken”, c’est comme “Tachi” ;
cela veut dire le sabre et aussi
“trancher”, de sorte que Kendo signifie “la voie qui tranche”.
Bien sûr le Kendo remonte
aux temps préhistoriques au Japon. Mais la véritable école du Kendo a commencé
en 1346. C’est le samourai Nodo qui a créé cette école. Ensuite,
en 1348, vint Shinkage.
Au début, les Samouraï voulaient toujours obtenir des pouvoirs objectifs, exceptionnels
et magiques. Ils voulaient être capables de ne
pas être brûlés par le feu ou de
ne pas être écrasés par un rocher...
Alors, ils entraînaient leur esprit de façon à obtenir des pouvoirs
surnaturels. Voulant obtenir ces pouvoirs mystérieux, ils avaient donc un
objet. Ensuite, le Zen et particulièrement le Soto Zen les a influencé.
Par exemple, Miyamoto Musachi qui a été le plus grand maître de Kendo
au Japon, était aussi devenu un Sage du Kendo. Il disait “On doit respecter
Dieu et Bouddha, mais on ne doit pas en dépendre”. C’est alors que la méthode,
la voie qui visait à pourfendre les gens, est devenue la méthode pour
couper son propre esprit.
C’est la voie de l’esprit de décision, de résolution et de détermination
et c’est le vrai kendo japonais, le vrai Budo.
Il faut être fort et obtenir
la victoire grâce à son esprit de décision.
Etre au-delà de la voie.
Ainsi cela devient une vraie
voie spirituelle. A l’époque , cela n’était pas un sport, mais de
nos jours, et surtout en Europe, c’est devenu un sport.
C’est une erreur.
Le Zen n’est pas une méthode de santé.
Les européens veulent toujours utiliser les choses.
Le Zen n’est pas aussi étroit.
Ce n’est pas un “massage spirituel”.
Le Kyosaku, c’est un bon massage pour le cerveau,
les épaules ou pour la fatigue.
Mais Zazen n’est pas un massage.
Le vrai Kendo, le vrai Zen doivent être au-delà de la
relativité.
Cela veut dire “cesser de choisir, de sélectionner un
côté au l’autre dans la relativité”.
Prendre une seule décision !
L’être humain est différent du lion ou du tigre. Alors la voie du Budo doit
être au-delà de la force du tigre ou du lion.
On devient fort, mais on est au-delà.
Le tigre ou le lion veulent
être forts, mais ils veulent vaincre, par instinct et par désir. Ils ne
pensent pas abandonner leur ego.
Mais les êtres humains peuvent être au-delà de l’ego
et de la mort.
Dans le Budo, ils doivent devenir plus fort que le tigre
ou le lion, abandonner l’instinct animal attaché à l’esprit humain.
Au Japon, il y a deux cents ans, avant l’ère Meiji, un
maître de Kendo, Shoken, avait été tourmenté par un gros rat dans sa maison.
Le titre de cette histoire, c’est
“Le Congrès des
Arts Martiaux des chats”.
“ Dans sa maison, toutes les nuits un gros rat
venait et l’empêchait de dormir. Il
était obligé de dormir au milieu de la journée et même à ce moment là,
c’était très bruyant. Il s’est alors concerté avec un ami qui élevait
des chats. Cet ami était un dresseur de chats. Shoken lui a demandé “Prête-moi
donc le plus fort de tes chats”. Il
lui prêta un chat de gouttière qui était très
rapide et habile à attraper les rats ! Ses griffes étaient très fortes et ses bonds puissants ! Mais quand il est entré dans la pièce, Le rat était le
plus fort, et le chat s’est rapidement enfui !
Ce rat était vraiment très
mystérieux.
Il emprunta alors un deuxième
chat, de couleur fauve, doté d’un très
fort Ki, d’une très forte activité et d’un grand esprit combatif. Ce chat
entra dans la pièce et combattit. Mais le rat eut le dessus et le chat s’échappa !
Un troisième chat fut emprunté, c’était un
chat blanc et noir qui ne put pas vaincre non plus.
Shokan emprunta alors un quatrième chat, noir, pas très fort, assez
intelligent mais moins fort que le chat de gouttière ou le chat tigré. Il était
très pauvre. Il entra dans la pièce.
Le rat le regarda et s’approcha. Le chat, très calme, ne bougea pas ! Alors le rat commença à douter.
Il s’approcha encore légèrement
apeuré et soudain le chat lui attrapa le cou, le tua et l’emmena hors de la
pièce.
Auparavant, Shoken avait poursuivi à maintes reprises ce
rat avec un sabre en bois, et il en avait reçu de nombreuses blessures. C’est alors qu’il était
allé consulter son ami. Il lui dit “J’ai
souvent poursuivi ce rat avec mon sabre en bois, mais c’est lui qui m’a
griffé. Alors pourquoi ce chat noir a-t-il pu le vaincre ? Son
ami lui répondit “Il faut organiser une réunion et interroger les chats.
Vous les questionnerez puisque vous êtes un maître de Kendo. Les chats comprennent
sûrement les Arts
Martiaux”.
Il eut donc une Assemblée de chats présidée par le chat noir qui était
très âgé.
Le chat de gouttière dit “J’étais
très fort”. Alors le chat noir lui demanda “Pourquoi n’as-tu donc pas gagné ? Le
chat de gouttière répondit “Je
suis très fort, je possède beaucoup de techniques pour attraper les rats. Mes griffes sont fortes et mes bonds très puissants, mais ce rat n’est pas comme les autres”. Le chat
noir déclara “Ta force et ta technique ne peuvent pas être au-delà de ce
rat. Même si ton pouvoir et ton wasa sont très forts, c’est devenu une compétition.
Tu n’as donc pas pu gagner avec ton seul art. Même si tu es le plus fort, tu
ne peux pas vaincre seulement avec ton pouvoir et ta technique. Cela n’est pas
possible ! Alors le chat tigré parla “Je suis très fort, j’entraîne
toujours mon ki, mon activité et ma respiration par le zazen. Je me nourris
de légumes et de soupe de riz, c’est pourquoi mon activité est très forte.
Mais je n’ai pu vaincre ce rat. Pourquoi ?
Le vieux
chat
noir lui répondit “Ton activité et ton Ki sont forts, mais ce rat était au-delà de ce ki. Tu es plus faible que le gros rat. Si tu es attaché à
ton Ki, cela devient une force vide. Si ton Ki est trop soudain, trop bref, tu
n’es alors que passionné. Aussi peut-on dire, par exemple, que si ton activité
est comparable à l’eau sortant d’un robinet, celle du
rat est semblable à un puissant jet d’eau.
C’est pourquoi la force du rat est supérieure à la tienne. Même Si ton activité est forte, en fait
elle n’est pas si forte que cela. Tu es trop confiant en toi-même”. Puis ce
fut le tour du chat blanc et noir qui n’avait pas pu vaincre non plus. Il
n’était pas très fort, mais assez intelligent. Il faisait tout le temps
zazen. Il avait le satori. Il avait passé tous les wasa et faisait seulement
zazen. Mais il n’était pas “mushotoku”. Il avait pourtant dû fuir aussi.
Le chat noir lui dit “Tu es très intelligent
et très fort. Mais tu n’as pas pu vaincre ce rat car tu avais un but. Et
l’intuition du rat était plus grande que la tienne. Quand tu es entré dans
la pièce, il a tout de suite compris ton état d’esprit. C’est pour cela
que tu n’as pas pu triompher. Tu n’as pas su harmoniser ta force, ta
technique et ton activité, qui sont restées séparées au lieu de s’unifier.
Tandis que moi, en un seul instant, j’ai utilisé ces trois facultés
inconsciemment, naturellement et automatiquement. C’est ainsi que j ‘ai
pu tuer le rat. Mais, près d’ici, dans un village voisin, je connais un chat
encore plus fort que moi. Il est très vieux et ses poils sont gris. Je l’ai
rencontré, il n’a pas l’air fort du tout ! Il dort toute la journée. Il
ne mange pas du tout de viande, ni de poisson, seulement de la guen mai...
quelquefois il prend un peu de sake. Il n’a jamais attrapé un seul rat,
car tous en ont peur et fuient devant lui. Ils ne s’en approchent pas.
Aussi n’a-t-il jamais au l’occasion d’attraper un rat ! Un jour il
est entré dans une maison qui en était pleine. Tous les rats se sont aussitôt
échappés et ont changé de maison. Les autres avaient peur de lui et il
n’avait jamais besoin de se battre. Aussi pouvait-il les chasser même en
dormant. Ce chat gris est
vraiment très mystérieux.
Tu
dois devenir comme cela, être au-delà de la posture, de la respiration et de
la conscience”.
Par zazen, vous êtes déjà au-delà de la posture, de
la respiration et de la conscience.
Dans le Budo, “Sutemi” est très important. Sute
abandon. Mi corps. Cela signifie “jeter le corps, abandonner le
corps”. Ceci est vrai, non seulement dans le Karaté, mais le Kendo, le Judo
et tous les Arts Martiaux. Il y a de nombreuses écoles en Kendo le Taï-Sha.-Ryu,
la Mu-Gen-Ryu, le Mu-Te-Gi-Ryu, le Mu-To-Ryu, le Shin-Jin
Ryu, le Ten Shin-Ryu.
Ryu =Ecole.
Tout est “sutemi”, action d’abandonner le corps.
Le bodycrash.
La première
école, c’est Tai Cha Ryu : Tai le corps. Chai : abandonner,
déposer.
Mu
Nen Ryu : c’est Mu Nen, c’est Mu, négatif. Nen
conscience, abandonner la conscience
et Mu Shin Ryu : Shin esprit, abandonner
l’esprit.
Mu Gen Ryu : c’est
sans yeux, abandonner les yeux.
Mu Te Ki Ryu: sans
ennemi.
Mu To Ryu sans épée.
Shinjin Ryu c’est Shin,
la véritable esprit.
Ten Shin Ryu, c’est Ten,
le ciel, l’esprit cosmique.
Il y a donc beaucoup d’écoles, mais toutes ont en commun le “Sutemi”,
l’action d’abandonner, laisser tomber le corps, d’oublier l’ego, de
suivre seulement le système cosmique.
On abandonne
les attachements, les désirs
personnels, l’ego. On dirige l’ego objectivement. Même si l’on tombe n’importe où, il ne faut pas avoir peur ni être
anxieux. Il faut se concentrer ici
et maintenant”, ne pas économiser d’énergie “tout
doit sortir ici et maintenant”.
On meut son
corps naturellement, automatiquement, inconsciemment, sans conscience
personnelle. Alors que si nous utilisons notre conscience personnelle, notre
action., notre comportement deviennent lents.
Dans le Budo, la conscience et l’action doivent
toujours être unité. Au début, dans le Budo, l’Aikido, le Kendo, on répète
les wasa, les techniques et les Kata, la forme.
On répète sans cesse pendant deux ou trois ans.
Aussi les Kata et les Wasa, la forme et la technique
deviennent une habitude. Au début, pour pratiquer les Wasa et les Kata, il faut
se servir de sa conscience personnelle. Il en est de même pour jouer du piano
ou “drumm” tambour, par exemple.
A la fin, il est possible
de jouer sans conscience, on ne s’attache plus, on ne se sert plus des
principes
On peut jouer
naturellement, automatiquement. Il est possible de créer quelque chose de frais
par cette sagesse.
Et il en est de même
dans toute notre vie quotidienne. C’est le Zen.
Les grandes oeuvres d’art sont créées par-delà la
technique. Dans le monde de la technologie et de la science, les
grandes découvertes naissent, proviennent d’au-delà des principes et des
techniques.
Il ne faut pas n’être attaché qu a une idée, une catégorie, un concept.
De l’idée à l’action, on doit obtenir la vraie
liberté.
En zazen, au début comme à la fin, la posture est ce qu’il y a de plus
important.
Dans le Zen, comme dans le Budo, on doit trouver l’unité
directe avec la vérité authentique du cosmos, sans conscience personnelle,
avec notre corps, mais pas avec le seul cerveau. Il faut penser avec tout le
corps.
Voici un poème sur l’essence, le secret du Kyudo
“La tension de
la tension
Mon arc est complètement
tendu
Où
va la flèche au loin ?
Je ne sais pas.”
Et voici un nouveau poème sur le secret du Kendo
“On ne doit pas
penser
Sur l’avant et
l’après
En avant, en arrière
Seulement la
liberté
Du point du
milieu”.
C’est aussi la voie du milieu.
Je dis toujours que zazen doit être mushotoku, sans but
et sans profit.
Il n’est pas nécessaire de penser où va la flèche.
Il faut se
concentrer seulement sur la tension de la corde de l’arc.
L’arc
japonais est fait de bambou ; il est très solide et il faut une énergie très
forte pour le tendre. Si nous ne pensons qu’ au résultat, qu’au fruit, avec
notre conscience personnelle, nous ne pouvons nous concentrer ni laisser sortir
notre pleine énergie.
Si on fait seulement l’effort, le plus grand fruit
apparaîtra inconsciemment, naturellement.
On peut parfois en faire l’expérience.
La pratique sans conscience est mieux que la pratique
consciente.
Au début du zazen, quand on
a mal, on pense “Ma posture est bonne ou ma posture n’est pas bonne ;
je dois rentrer la menton, tendre la nuque, la
colonne vertébrale, pousser sur mon zafu avec les fesses, me concentrer sur
l’expiration”. Mais ensuite, on ouble tout et cela devient non-conscience.
Cette condition de l’esprit est très importante.
Après un ou deux ans, on
a trop l’habitude, aussi on oublie tout.
On ne se concentre plus.
On pense que la posture est bonne et on ne la corrige
plus. Même si le maître ou le responsable du kyosaku corrige cette posture, on
ne suit plus. Certains pratiquent un an, deux ans ou plus longtemps encore et
leur posture devient mauvaise, elle ne fait qu’empirer.
Ceci est dû
à un ego trop fort et à
un manque d’effort.
C’est aller dans une autre direction.
Il ne faut
pas oublier le début (l’esprit des débutants).
Zazen: notre
énergie, notre esprit s’harmonisent avec l’énergie cosmique, et l’énergie
cosmique infinie dirige notre propre énergie. Alors nous pouvons
diriger les dix mille choses en une
seule. Nous pouvons être véritablement libres, grâce à l’énergie finie du cosmos, cette vérité invisible.
Un grand maître du Kendo de l’ère Meiji,
Yamaoka Teisshu, qui n’était pas un
maître Zen mais un Bodhisattava a dit : “Lorsque nous voulons nous asseoir,
nous nous asseyons, nous faisons zazen, quand nous voulons partir, nous partons,
sans rester sur quelque chose.
Si nous restons sur quelque chose nous ne pouvons obtenir
la vraie liberté, la vraie activité.
C’est le secret et l’utilité de “l’ épée
spirituelle” et c’est la plus haute essence du Kendo”. Maître Yuno l’appelle
“Sabre du Mushotoku”.
Je dis toujours le secret de la voie des Arts Martiaux,
du Budo.
C’est que nous ne devons pas penser à gagner, mais
nous ne devons pas non plus être vaincus.
C’est
contradictoire, alors comment faire ? C’est difficile .Ni Kontin, ni Sanran.,
ni torpeur ni excitation, c’est la voie du milieu du Bouddhisme. Aller à
droite ou à gauche, c’est facile, gagner ou être vaincu, c’est facile
aussi.
Mais ne
pas gagner et ne pas être vaincu, c’est très difficile.
Dans notre
vie quotidienne, c’est la même chose. C’est également le point commun
entre le Budo et le Zen. Surtout, il vous faut pénétrer dans “la voie de la
Vie et de la mort”.
Le Zen est pacifique, le Budo est combatif mais
finalement, le Budo doit devenir sans victoire ni défaite.
Dans le Zen,
il n’y a rien, pas de combat. Maître Daïchi a dit : “Zazen est la
meilleure voie, le meilleur moyen pour couper la vie et la mort, couper la
vision de la vie et de la mort”. Et Dogen a écrit dans le “Shobogenzo’ :
“Comment peut on résoudre la vie et la mort ? Comment faire pour
devenir Bouddha ? Par zazen, on peut résoudre le problème de la vie et de
la mort.
Zazen
c’est Bouddha. Dans
le “ Shoboqenzo ” Ben do wa, il est écrit aussi:
“Quand nous rejetons et oublions notre corps et notre esprit et
qu’ainsi nous entrons dans la maison du Bouddha, alors celui-ci devient actif,
et on peut devenir passif”. Si on suit le Bouddha, son énergie et son activité,
il n ‘est pas nécessaire d’utiliser notre énergie propre ou notre force
personnelle, ni de disperser notre conscience, notre esprit. Finalement, nous
pouvons devenir Bouddha sans nous séparer de la vie et de la mort.
Aussi, nous ne devons pas
rester, ni stagner sur l’esprit ou nous attacher à l’esprit.
Ensuite, il y a une voie très facile pour devenir
Bouddha. C’est :
—
Ne pensez pas le mal, ne faites pas le mal.
Ne causez pas de troubles, ne
compliquez pas, ne dérangez pas les autres.
-
Ne détestez
pas, ne choisissez pas, ne faites pas de catégories entre la vie et la mort.
—
Ayez plus de compassion envers l’humanité, de respect pour
les gens âgés, de sympathie pour les jeunes.
-
N’ayez pas de répulsion ou de préférence pour
quoi que ce soit
-
N’ayez pas de désirs, quels qu’ils soient
-
Ne pensez
pas avec votre conscience.
—
N’avez pas peur.
C’est cela qu’on appelle Bouddha. Il n’est pas nécessaire
de rechercher une autre voie. Telle est la méthode de Doqen pour devenir
Bouddha. Alors comment faire ? Comment changer ainsi notre vie quotidienne ? Par
la pratique de Za.zen.
Tout le monde veut devenir plus fort et plus sage que les
autres existences, cela était déjà le cas à l’époque préhistorique.
Ainsi s’ est développée la philosophie religieuse,
l’espoir du genre humain. En Asie, le Budo et le Zen représentent ces deux
aspects : force et sagesse.
A 1 ‘époque actuelle, le Budo japonais afin de
devenir populaire, s’est vulgarisé, est devenu
un sport.
Je pense qu’un vrai sport doit avoir un véritable esprit. Mais le Budo
japonais risque
d’oublier l’esprit transmis.
En fait, il
y a deux Budo, le Budo sportif et
le Budo Zen.
Je ne nie pas ce point de vue. Le Budo véritable n’est pas le
premier.
Mais j ‘accepte
les deux.
C’est la
vraie voie du milieu.
Comme vous le savez Geesink a été champion du monde de
Judo en battant, il y a quelques années, le plus fort Judoka du Japon (8ème
dan). Maître Michigami avait éduqué Geesink et celui-ci était devenu 7ème
ou 8ème dan. Maintenant Maître Michigarni, qui est un très grand Maître, vit
à Bordeaux. Je l’ai rencontré plusieurs fois ainsi que sa femme qui
enseigne l’Ikebana.
Geesink avait donc reçu son éducation d’un véritable
Maître de la transmission.
Après la guerre, au Japon, le Budo a commencé à
changer en devenant un sport.
C’est le général Mac
Arthur qui a bouleversé l’éducation
japonaise pour des raisons politiques.
Il a “coupé” la
transmission de l’esprit du Budo et les ministres de l’éducation japonaise ont changé les méthodes pédagogiques.
Maître
Michigami s’est opposé à cette situation, et il est parti en France où il a
pu continuer l’éducation transmise des Arts Martiaux et du Judo. Alors
Geesink finalement a gagné.
A ce moment-là, alors qu’il se trouvait encore
sur le tatami de Judo, il s’est
tourné vers Michigami et lui a dit : “Si j’ai gagné, c’est grâce à
vous, grâce au véritable esprit transmis du Judo japonais”. Et il a salué
Michigami en faisant sampaï. C’est une histoire très célèbre du Kodokan.
Quand je suis arrivé
en Europe, j ‘ai
entendu Michigami dire : “Le Budo japonais
ne se développe plus comme par le passé. Il y a des l0èmes dan qui ne sont
plus forts comme avant. Il n’est plus possible de former un Maître historique
comme précédemment. Pourquoi ? C’est un grand Koan pour le Budo en tant que
Zen. J’ai fui le Budo japonais actuel et vous, vous avez échappé au
Bouddhisme japonais. Sûrement les Européens trouveront la véritable essence
du Budo et du Bouddhisme japonais. Mais, ajoutait-il, bien qu’il y ait eu
Geesink, que j‘avais éduqué, le Budo Européen a complètement changé. Il
n’a pas suivi 1e vrai Budo Japonais, le véritable enseignement”.
Les Européens comprennent le vrai Bouddhisme, le vrai
Zen, par mon introduction du Zen en Europe.
Mais.., il y a un mais. C’est un Koan. Il est
difficile, très difficile, de donner le Shiho. A qui le donner ?
TAISEN
DESHIMARU
GLOSSAIRE
AIKIDO
Voie de l’harmonie avec
le système cosmique.
BODHISATTVA
“Bouddha vivant”. Chacun peut réaliser qu’il l’est et
consacrer sa
vie à aider les autres
hommes, en participant à la réalité sociale. Rien ne le distingue
d’eux, mais son esprit est Bouddha.
BOUDDHA
“L’éveillé”.
DOJO
Lieu où l’on pratique la méditation Zen.
EGO Le petit moi,
possessif et limité, qu’il faut détruire, dans la mesure où il est fait
d’illusions, alors que chacun tend à lui attribuer une réalité véritable
ENO
En chinois,
HOUEI NENG, le sixième patriarche, depuis BODHIDHARMA.
HISHIRYO
Penser sans penser. Au-delà de la pensée.
KENDO
Combat au sabre.
JUDO
Vaincre la force par la douceur.
KI
Activité
invisible emplie de l’énergie du cosmos. Devient l’énergie du corps dans
toutes ses cellules.
KOAN Originellement, loi,
principe de gouvernement. Problème contradictoire de l’existence. Principe
de vérité éternelle transmis par un maître.
MONDO Questions et réponses
entre maître et disciples.
MUSHOTOKU
Sans but ni esprit de profit.
OBAKU
En
chinois, HOUANG PO, troisième successeur de ENO (HOUEI NENG) et instructeur de
Rinzaî (Lin-Tsi)
RINZAI En chinois LIN TSI.
Dans la Secte Rinzaï, on utilise plus formellement les Koans et le zazen, que
l’on pratique face au centre du dojo, est devenu une méthode pour atteindre
le Satori.
SAMPAI Prosternation devant
le Bouddha ou devant le Maître,
front contre terre,
les paumes des mains dirigées vers le ciel de chaque côté de la tête
(symboliquement pour recevoir les pas du Bouddha).
SATORI
S’éveiller à la vérité cosmique.
SESSHIN
Période d’entraînement intensif au zazen. Un à plusieurs jours de
vie collective, de concentration et de silence dans le dojo, on fait quatre à
cinq heures de zazen par jour, entrecoupées de conférences, mondo, travail
manuel (samu) et repas.
SHIKANTAZA
Seulement s’asseoir, se concentrer sur la pratique de zazen.
ZEN TCH’AN, en chinois,
DHYANA en sanscrit. Vrai et profond silence. Habituellement traduit par
concentration, méditation sans objet l’esprit originel et pur de l’être
humain.
BUDO
Les Arts Martiaux. La Voie des Samouraï, exactement le BUSHIDO. Budo
est la voie du combat. Mais le Kanji BU signifie véritablement
arrêter l’épée, cesser d’utiliser l’épée, cesser de se battre.
KAMAE
Attitude, Posture Très importante dans les Arts Martiaux.
KATA “Forme”
du Budo. Tous les Arts Martiaux, Judo, Kendo, Afkido, etc... ont des Kata :
forme, action,
entraînement pour vaincre. Les débutants doivent apprendre les Kata,
les assimiler, les utiliser et
ensuite créer à partir d’eux, de cette forme originale
spécifique à chacun des arts martiaux.
KATSU
Trois significations (même prononciation)
1) Gagner
2) Pousser un cri spécial d’une
voix forte
3) Technique pour réveiller le “Kl”,
pour ranimer la vie.
KU
Vacuité. L’existence sans noumène. En Bouddhisme, c’est aussi
l’Invisible. Concept identique au concept
de Dieu. Toutes les existences du cosmos existent mais on ne peut en saisir le
noumène, l’essence.
SHIKI
Les phénomènes,
le monde visible.
YAWARA
Le Judo traditionnel.